Résolution politique internationale – Conseil National du Parti de Gauche des 25 et 26 mars 2023

La situation politique internationale est marquée par les tensions entre les grandes économies capitalistes « historiques » et « néo-capitalistes ». Une détérioration certaine des relations entre les États-Unis et la Chine s’amplifie, à l’ombre du conflit en Ukraine. Les USA préparent « le coup d’après ». Le néolibéralisme est en passe d’imposer son diktat sur le monde en faisant fi du changement climatique et de la misère grandissante. Partout des dérives fascisantes font souche avec la complicité des dirigeants du monde capitaliste.

La guerre, c’est la continuation de la politique par d’autres moyens

Le conflit qui concentre le plus l’attention et les enjeux aujourd’hui est de toute évidence l’agression de la Russie contre l’Ukraine, par ses implications économiques et géostratégiques. Comme au premier jour du 24 février 2022, l’invasion de l’Ukraine par la Russie est inacceptable. L’annexion des territoires de l’Est de l’Ukraine par la Russie est condamnable politiquement et du point de vue du droit international qui garantit l’intégrité et l’inviolabilité des frontières.

Le peuple ukrainien est otage de l’escalade guerrière de Poutine, qui assoit son entreprise destructrice à coup de censure et de neutralisation de ses opposants politiques. Le peuple ukrainien est aussi, dans une autre mesure, pris en étau par un président réactionnaire et jusqu’au-boutiste qui, sous l’apparence d’un chef de guerre stratégique, justifie la fabrication d’armements et l’enrichissement des entreprises de défense et qui donc, de bon acteur du capitalisme occidental, en est en fait l’instrument.

Le retour en force de l’OTAN

Les pays qui proclamaient leur neutralité (Finlande et Suède) entrent maintenant dans l’OTAN ; le Danemark intègre le dispositif militaire de l’UE et la Norvège accepte la présence de soldats étatsuniens sur ses bases. Le bras armé du capitalisme nord-américain, comme « vecteur protecteur », permet une redéfinition de la vente d’armes aux standards américains aux européens. De plus la guerre accroît notre dépendance économique aux hydrocarbures de schiste américains et à de nouveaux marchés d’alimentation.

Les enjeux de sécurité et de souveraineté alimentaire sont terribles pour des centaines de millions de gens qui, dans les pays en voie de développement, souffrent déjà de l’impact du conflit ukrainien sur l’approvisionnement, par le double effet de la baisse de la production ukrainienne et des entraves sur les exportations russes imposées par le bloc Ouest.

Parallèlement, aucune initiative diplomatique occidentale sérieuse et aucune sanction de l’oligarchie russe ne sont engagées pour sortir du conflit en cours en Ukraine. La France s’honorerait d’une politique de non-alignement et d’initiative de paix. Par définition, l’OTAN est une organisation militaire qui n’est pas en position d’aider à négocier la paix, contrairement à l’ONU qui a été créée pour cela.

La seule initiative « diplomatique » a été confiée à Erdogan avec les pourparlers d’Antalya l’an dernier. Erdogan est certes le garde-barrière du détroit du Bosphore et des Dardanelles, mais est-ce bien crédible de laisser le bourreau du peuple kurde, qui envahit le nord de la Syrie, protège les djihadistes de Daesh aussi bien que les oligarques russes et livre en même temps des drones à l’Ukraine, prendre une place dans une responsabilité diplomatique inter-régionale de cette importance ?

Non à l’escalade militaire et à l’économie de guerre

Les dirigeants européens emboîtent le pas à Biden avec la livraison d’armes offensives : des chars et peut-être bientôt des avions. Cette livraison d’armes impliquera la présence de troupes extérieures sur les terrains d’opérations. C’est inacceptable !

La conquête des terres rares et des minéraux sensibles, notamment en Afrique, pour les nouvelles productions technologiques – particulièrement pour la construction programmée de centaines de millions de véhicules électriques – la question de Taiwan, premier producteur mondial de semi-conducteurs et de puces électroniques, sont aussi au cœur des enjeux.

Des écoles, des hôpitaux, des emplois, et des salaires revalorisés, pas des bombes ! L’argent pour les salaires, pas pour la guerre !

En France, les armées auront un budget de 413 milliards d’euros sur la période 2024-2030, dans le cadre de la loi de programmation (30 % de plus que la précédente). Certains secteurs du Capital veulent aller au-delà en développant les infrastructures de fabrication d’armements et de munitions pour « aider notre allié ukrainien ». Ce serait un engrenage dangereux et une dérive militaro-industrielle, au détriment d’une économie tournée vers la satisfaction des besoins sociaux et la planification écologique.

Le conflit ukrainien a aussi, et surtout, pour conséquence d’être prétexte à l’inflation et la spéculation dans tous les secteurs. Les négociations entre les industriels et la grande distribution sont indécentes. Elles attestent du refus du Gouvernement d’imposer quoi que ce soit aux grands intérêts privés. Une nouvelle hausse de près de 20 % du panier ménager de première nécessité est déjà porteuse d’incompréhension et de colère. Au moment où l’on ferme des milliers de lits d’hôpitaux, des milliers de classes, de bureaux de postes, où les services sociaux sont en berne, où les retraites sont attaquées, où les attentes écologiques sont piétinées, cette logique guerrière est mortifère à tous les niveaux.

Nous dénonçons la fascisation de certains acteurs internationaux et l’ensauvagement des relations internationales  

Dans la lignée Trump / Bolsonaro / Modi, se maintiennent ou accèdent au pouvoir les Orban et son illibéralisme chrétien, Duda et son catholicisme réactionnaire, Meloni et son fascisme raciste, Nétanyahou et son ségrégationnisme. En Israël,  la réforme de la justice  vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats et met en péril le caractère démocratique de l’Etat, déjà compromis par sa politique d’exclusion de la population arabe et la colonisation des territoires palestiniens. Comme en France, le peuple exprime dans la rue son exigence de démocratie et de justice sociale.

En Afrique, le récent discours de Macron, qui se voudrait  un tournant de la politique africaine en Afrique, ignore délibérément la question de la gouvernance, attribue l’échec à l’Autre malien et burkinabé de l’interventionnisme militaire français et sous prétexte de préservation du couvert végétal de la forêt du Congo, ne sert qu’à adouber les pires autocrates de la Françafrique.

L’impérialisme étatsunien, un temps replié sur lui-même, se déploie à nouveau en attisant le conflit avec la Russie sur le terrain ukrainien mais surtout en créant une zone de tension dans la région Pacifique avec la Chine et en suscitant un alignement du camp « occidental » prétendument démocratique face à des pays réputés autoritaires. Nous revendiquons quant à nous un non-alignement face à ces velléités guerrières qui sous prétexte d’économie de guerre (déclarée ou non) permettraient au capitalisme mortifère de se régénérer au détriment des peuples. Le plan chinois pour un cessez-le-feu complet et une négociation entre les parties impliquées dans le conflit ukrainien mérite d’être pris en compte.

Nous préférons la vie à la mort, l’humanité au maintien à tout prix de l’hégémonie euro-atlantiste, le bonheur commun des humains à la joie mauvaise de quelques-uns et l’avenir de notre planète à l’anéantissement du vivant résultant de l’hiver nucléaire immédiat, ou à l’empoisonnement final des sols, des mers, de l’air… et des humains sous l’effet des prédations infligées jour après jour par la quête insensée du tout-profit capitaliste.