L’adieu de Hollande à l’égalité pleine et entière de toutes les familles

Dans son interview télévisée hier soir, le Président Hollande, tout en faisant la promotion de sa loi a minima sur le « mariage pour tous », n’a eu de cesse de marquer des signes de « respect » envers les opposants à l’égalité des droits, sans même faire allusion aux débordements violents et homophobes des dernières manifestations où se sont côtoyés droite, extrême-droite et réseaux catholiques traditionnalistes, derrière une même vision patriarcale, conservatrice et biologique de la famille.

Le président a surtout enterré de facto toute marche vers l’égalité pleine et entière de toutes les familles, en annonçant d’ores et déjà qu’il se conformerait à l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) au sujet de l’ouverture de la PMA pour les couples de femmes, alors que ce dernier du fait de sa composition a déjà émis dans le passé un avis négatif sur cette question. La grande loi sur la famille annoncée début janvier, qui aurait pu être l’occasion d’une évolution progressiste de l’institution familiale sous toutes ses formes, à travers une réflexion globale sur la filiation et en désenclavant le débat des seules familles homoparentales, reportée sans cesse, semble aujourd’hui enterrée. Quid de l’amélioration des droits des couples pacsés ou en concubinage ? Quid des familles monoparentales et des familles recomposées ? Quid du statut des beaux-parents et des projets de coparentalités? Quid aussi de la réforme globale de la représentativité des associations familiales dans les instances dites représentatives ?

La liberté du genre, avec droit au changement d’état-civil, à l’instar de la loi argentine de mai 2012, ne fait plus partie de l’agenda.

Après l’enterrement du droit de vote des étrangers, l’enterrement des modifications des modes de scrutin tant des élections législatives et cantonales (introduction de la proportionnelle) qu’européennes (retour à la circonscription unique), les renoncements du Président en matière de droits civiques et civils touchent désormais les questions d’égalité des droits.

4 sondages d’opinion successifs effectués par l’IFOP depuis le début de l’année 2013 ont systématiquement indiqué que c’est parmi les sympathisant-e-s du Front de Gauche et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon à la dernière élection présidentielle que l’on trouve le plus de soutiens aux réformes de société d’égalité des droits : mariage égalitaire ET homoparentalités. Preuve s’il en était que luttes sociales et luttes pour les droits civiques sont indissociables ! Hollande n’a pas seulement renoncé à « affronter la finance » et à défendre le droit des salariés face aux exigences du Medef, il a tourné le dos au beau combat qu’est celui de l’égalité des droits pour toutes et tous, broyé dans son choc de simplification qui aboutit à une « égalité des droits incomplète », qui n’est pas l’égalité !

Loin d’être des mobilisations festives de célébration de la loi « mariage » en passe d’être adoptée, les marches LGBT 2013 et notamment celle de Paris du 29 juin, devront être plus que jamais revendicatives, dans la lignée des deux marées citoyennes pour l’égalité qui avaient envahi le pavé parisien les 16 décembre et 27 janvier derniers, pour exiger d’aller au bout de l’égalité des droits de toutes et de tous, et de toutes les formes de familles