Les 6 et 7 février a eu lieu le premier épisode neigeux sérieux sur l’ensemble du pays. Il était important, pas exceptionnel. Il avait été en outre parfaitement annoncé par Météo France. Et pourtant des régions entières, dont l’Ile-de-France, ont été paralysées pendant de longues heures. Le blocage des automobilistes parfois toute la nuit, notamment sur la nationale N118, a marqué les esprits. Le réseau ferré a largement été touché. On peut en attribuer les causes à « une situation sans précédent » comme l’a fait le Préfet de Police de Paris. Pourtant pareilles situations ont eu lieu en 2010 et 1987. Pourquoi, alors, à chaque événement météorologique ou naturel sortant de l’ordinaire on a aujourd’hui l’impression, malgré les progrès techniques et numériques, d’une incapacité des pouvoirs publics à y faire face suffisamment vite ?
La comparaison avec les conséquences des deux tempêtes d’ampleur cyclonique de 1999 saute aux yeux. Alors que les vents avaient soufflé à un niveau réellement record et que, pour le coup, leur intensité avait été sous-estimé, la réaction des services et entreprises publics est célébrée dans tous les reportages de l’époque. Comment être surpris quand depuis 20 ans les gouvernements n’ont cessé de vouloir « dégraisser » l’Etat ? Croit-on vraiment que la suppression d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne finit pas par avoir des conséquences quand la situation réclame une forte mobilisation ? Et que dire des conséquences des budgets en diminution sur la qualité et le nombre de matériels qu’il faut pouvoir mobiliser dans ce cas-là.
La neige est le révélateur d’un Etat affaibli. Il en est de même pour le chemin de fer. Voici 30 ans, la SNCF s’enorgueillissait de la ponctualité des trains. C’est aujourd’hui une habitude. Pour ne rien dire d’incidents plus graves y compris pour la sécurité. Aujourd’hui c’est la neige qui provoque un engorgement à la Gare St Lazare, hier c’était l’afflux de feuilles mortes sur les rails (rare en automne bien sûr…). Nous sommes de ceux qui pensons, à l’instar de plusieurs syndicats de cheminots qui tirent la sonnette d’alarme depuis longtemps, que la préparation de l’ouverture à la concurrence du transport de voyageurs (séparation du réseau des voies ferrés et du « roulant » aujourd’hui unanimement dénoncé, régionalisation, tout TGV au détriment des lignes classiques, concurrence des cars Macron etc…) est la cause principale de cette détérioration accélérée.
Ce même 7 février à l’Assemblée nationale, Bruno Lemaire a annoncé que la baisse des dépenses publiques allait s’accentuer. On connait également désormais le plan de suppression de 120 000 fonctionnaires. On rappellera aussi l’amputation prévu des dotations aux collectivités locales. Quant au train, la réforme du statut des cheminots est l’accompagnement de la libéralisation totale des chemins de fer.
Laissons-les faire et côté neige ou pagaille dans les trains, le pire est à venir.