L’échec du Sommet sur le financement des économies africaines 

Le sommet international sur le financement de l’économie africaine s’est tenu le mardi 18 mai 2021 à Paris. En 2020, selon le Fonds monétaire international (FMI), 17 pays du continent africain sont soit surendettés ou sont en voie de l’être. Car après les vastes allégements (76 milliards de dollars) consentis dans le cadre de l’initiative pays pauvres très endettés PPTE, en 2006, les pays africains se sont mis à réemprunter massivement, certains pour faire face à la crise pétrolière de 2014, d’autres poussés  à faire des investissements inutiles par le capitalisme international. A tel point que leur dette a triplé au cours des treize années suivantes. La pandémie n’a donc pas créé la situation actuelle, elle n’a fait que l’aggraver. 

Il s’agit donc d’une situation de sous-développement maintenue par les potentats locaux avec la complicité de l’Occident et de la Chine : aides au développement, remboursables et conditionnées ; implantation des sociétés multinationales puissantes qui exploitent les richesses tout en ayant la capacité de bouleverser l’ordre politique et même la stabilité de ces pays africains ; maîtrise des prix des matières premières par les pays développés, exode fiscal. 

Dans ce système néo colonialiste, l’évolution des pays africains sera toujours liée à la « générosité » des pays riches, alors qu’il existe certainement d’autres solutions de financements exemptes d’effets nuisibles : l’épargne et capacité d’investissement internes, déjà existantes et qui pourraient être fortement accrues grâce à une redistribution des revenus au profit des paysanneries et des secteurs de l’économie populaire, l’annulation massive de la dette, des accords garantissant un protectionnisme solidaire aux pays en développement, une rémunération réglementée des matières premières, une fiscalité internationale respectueuse des pays, une souveraineté monétaire effective, des aides au développement non remboursables et ciblées sur des politiques de développement agricoles ou industriels, le transfert gratuit des technologies et un partenariat « gagnant gagnant »  etc… 

Ainsi, le prétendu New Deal  de Macron porte essentiellement sur le financement de l’Afrique via une nouvelle allocation de Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, allocation rendue possible par l’élection de Biden. Ce qui permettra à l’Afrique de recevoir 34 milliards de Dollar de liquidités extérieures et d’espérer que d’autres pays lui rétrocèdent une partie de leurs nouveaux DTS. Beaucoup de bruit et de communication pour pas grand-chose. Sortir l’Afrique du piège de la dépendance n’est pas à l’agenda de Macron et l’annulation de la  dette colossale de l’Afrique ne sera pas pour aujourd’hui.