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Kanaky-Nouvelle Caledonie : Non au passage en force ! Le Parti de Gauche appelle à un report du référendum en septembre 2022.

Lors de la clôture des travaux du XIXème comité des signataires de l’Accord de Nouméa (1998), à l’hôtel de Matignon le 10 octobre 2019,  Edouard Philippe déclarait : « Mais l’Accord de Nouméa prévoit que, en cas de non au deuxième référendum, il est possible de tenir un troisième référendum dans les deux ans qui suivent le deuxième. Nous avons exclu que cette troisième consultation puisse être organisée entre le milieu du mois de septembre 2021 et la fin du mois d’août 2022. Il nous est collectivement apparu qu’il était préférable de bien distinguer les échéances électorales nationales et celles propres à l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ». Cela n’a pas empêché le gouvernement Castex en la personne du ministre de l’Outre-mer, Sébastien Lecornu, de trahir la parole donnée et d’imposer une date anticipée de troisième référendum sans même réunir le comité des signataires. Ce passage en force a divisé les forces politiques qui avaient malgré tout accepté la date imposée.

Sur ce sujet, comme sur d’autres, les impératifs élyséens de communication ont fait office de politique. Clore le processus des accords de Nouméa avant l’échéance présidentielle de 2022, comme on coche une case sur une liste de tâches, était plus important que de laisser le peuple  choisir  son destin en connaissant les autorités françaises avec lesquelles il allait le construire. En effet, quel que soit le résultat de la consultation programmée le 12 décembre prochain, ce sera le prochain exécutif et la prochaine Assemblée nationale qui bâtiront avec la Nouvelle-Calédonie nos futures relations. Outre l’image désastreuse donnée par la France à l’international, il était donc respectueux et de bon sens d’attendre septembre 2022 pour organiser la dernière consultation prévue par les accords de Nouméa.

Cela est aujourd’hui devenu impérieux, car si les forces politiques locales avaient finalement accepté de se plier aux désidératas présidentiels, la progression dramatique de la pandémie de COVID 19 a changé la donne. Ni l’Uni, ni le Parti Travailliste, ni le groupe UC-FLNKS et Nationalistes, n’ont transmis à la commission de contrôle les documents de propagande destinés à la campagne référendaire alors qu’ils devaient le faire avant mercredi 27 octobre. Un état de fait assumé, qui concrétise l’appel à ne pas participer au vote s’il est maintenu le 12 décembre, en raison du deuil frappant de nombreuses familles kanak et des restrictions sanitaires. Car pour les partis indépendantistes la campagne référendaire se fait non pas sur les réseaux sociaux mais en rendant visite aux tribus ce qui en période de deuil constituerait une offense irrespectueuse de la coutume.

Une telle consultation nécessite que chacun puisse prendre une décision éclairée par le débat dans un climat serein. Or, ni le contexte sanitaire (avec interdiction de rassemblements et de manifestations), ni l’annonce par le Haussaire, Patrice Faure, lui-même spécialiste des questions de sécurité, de l’arrivée d’environ 2000 gendarmes et policiers en renfort, accompagnés de 130 véhicules et 30 engins blindés pour le maintien de l’ordre, ni le rappel du  Général de division Christophe Marietti, commandant des forces de gendarmerie, qui avait quitté le territoire il y a quatre mois, pour gérer le dispositif de sécurité du troisième référendum, ne permettent de croire que ces conditions essentielles soient remplies.

Le Parti de Gauche met en garde le gouvernement macroniste contre la tentation de passer en force et appelle à un report de la troisième consultation sur l’accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie en septembre 2022, après consultation du comité des signataires.