KNC : le colon Macron aggrave son cas

Sur son mépris de la démocratie

Macron s’appuie sur le résultat des trois référendums, à savoir non à l’indépendance. Il fait semblant d’ignorer que le troisième référendum est parfaitement illégitime puisqu’il  a eu lieu sans la participation des Kanak ! Rappelons que les élus indépendantistes ont demandé sa mise en place le 8 avril 2021, car Edouard Philippe avait annoncé qu’il aurait lieu en septembre 2022, date qui faisait consensus. Or le gouvernement français de façon unilatérale (sous la pression des loyalistes) a avancé cette date au 12 décembre 2021 sachant très bien que le temps et la démographie seraient favorables au vote pour le « oui ». D’ailleurs les résultats le confirment puisque sur 184364 inscrits, seulement 75720 ont voté « non ». Fonder des décisions sur un 96,5% pour le « non » à un référendum est digne d’une dictature bananière… Les indépendantistes ont d’ailleurs fait une démarche auprès du tribunal international pour que soit jugée la légitimité de cette consultation. Roch Wamytan, qui n’est pas venu à l’invitation de Macron au haussariat, annonçait  être dans l’attente du jugement.

Sur le discours au sénat coutumier

Depuis son contact avec les Kanak Macron use et abuse des mots « humilité » « respect » … il n’a visiblement pas compris que l’attitude ne se juge pas sur le vocabulaire mais sur les faits et la posture. Il annonce que l’acte de prise de possession devrait faire un tour dans le pays en commettant l’erreur de le remettre au gouvernement collégial de M Germain (droite locale) plutôt qu’aux chefs coutumiers …

Sa façon de parler de la coutume laisse penser qu’il revient  en discours sur le passé colonial et ainsi, en être « pardonné» et garder la KNC,  en faisant simplement « une coutume » consistant pour lui à donner un manou… Il n’a absolument rien compris de ce que peut représenter la coutume pour le peuple Kanak puisque elle est un peu l’équivalent oral ou rituel de notre constitution. Quant aux 4 demandes du Sénat coutumier (ouvrir une écriture commune avec la France sur l’histoire de la KNC depuis le 18e siècle, réhabiliter et restructurer les 60 districts coutumiers, mettre en place des politiques publiques de l’identité, installer d’urgence des outils pour les pays insulaires du Pacifique afin de faire face à la catastrophe écologique annoncée) il n’apporte aucune réponse.

Sur le discours à la population le 26 Juillet

Il y avait environ 5000 personnes pour l’écouter place de la Paix et 500 militants réunis à l’entrée de la ville avec les drapeaux kanaks pour montrer leur désaccord. Ils ont été bloqués par les forces de l’ordre, la manifestation étant interdite par le pouvoir. Macron a donc fait un discours à une partie de la population, celle qui vote pour lui ou plutôt pour la droite et l’extrême droite.

Derrière les mots, le discours de Macron implique une :

– Recolonisation politique par l’ouverture précipitée du corps électoral (prévue dans les accords de Nouméa après trois référendums reconnus par tous ce qui n’est pas le cas) et la révision de la constitution annoncée pour  2024 et finalement limitée à la KNC

– Recolonisation du secteur économique par la reprise en main du secteur nickel, ave une exigence  plus grande de compétitivité et pseudo transition énergétique

– Recolonisation des richesses marines et sous-marines par un financement accru de la recherche, 6Mds CFP en particulier l’Ifremer (en plus de la coprésidence du parc marin)

– Recolonisation foncière par la redéfinition du statut des terres permettant l’implantation des jeunes agriculteurs (sachant que l’implantation des jeunes agriculteurs kanaks  doit pouvoir se faire sans remettre en cause les terres coutumières dont la location par certaines tribus leur permet de faire des investissements importants)

– Recolonisation militaire par l’arrivée de forces et de budgets supplémentaires 18Mds CFP.  Macron parle de mettre en place une académie militaire

– Extension de l’impérialisme français dans le Pacifique en finançant des projets dans les autres pays de la région.

C’est donc un discours clivant, très mal reçu par une grande partie du monde indépendantiste qui a trouvé le Président arrogant, voire ridicule sur sa proposition concernant la restitution de l’acte de possession. Au lieu de rassembler pour proposer une solution allant dans le sens de l’histoire c’est-à-dire d’une décolonisation réussie dont le schéma reste à mettre au point, ce discours crispe un peu plus les positions. 

Le Parti de Gauche réclame avant toute tentative visant à figer des principes à l’occasion d’une révision de la Constitution, qu’un projet d’avenir de la KNC soit élaboré puis mis au vote afin de faire s’exprimer l’ensemble des points de vue sur les questions d’identité avec en particulier une reconnaissance du statut de peuple autochtone, sur les questions économiques et environnementales avec en particulier des perspectives sur les industries extractives et d’exploitation des océans, sur la question foncière,  sur l’insertion dans la sous région du Pacifique, sur les questions de sécurité.

Seul un projet d’avenir en commun de ce type permettra de recréer les conditions permettant aux habitants de KNC d’être pleinement maîtres de leur destin et de construire leur pays ensemble :  Kanaks, peuple premier,  fiers de leur héritage culturel et de tous les combats menés par leurs parents,  leurs grands-parents, Calédoniens fiers de leurs racines françaises mais qui, depuis plus de deux siècles, ont construit leur avenir dans ce pays, Océaniens et Asiatiques devenus peu à peu  des hommes et des femmes de cette terre et citoyen(ne)s venu(e)s plus récemment qui affirmeront pleinement leur choix d’appartenir à ce pays.